Décès de la première bénéficiaire d’une greffe du visage, une opération exceptionnelle

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Isabelle Dinoire

Isabelle Dinoire

 

 

Isabelle Dinoire, la première greffée du visage au monde est morte le 22 avril dernier à l’âge de 49 ans. Par souci de tranquillité, sa famille n’avait pas souhaité rendre public son décès. Ce sont deux cancers provoqués par les traitements antirejet qui l’ont emportée.

Début 2005, Isabelle Dinoire, âgée de 38 ans, est défigurée par Tania, son chien Labrador. Quelques mois plus tard, le 27 novembre, l’équipe du Pr Devauchelle du CHU d’Amiens (en étroite collaboration avec le Pr Jean-Michel Dubernard de Lyon) réalise sur elle la première greffe du triangle nez-lèvres-menton. «Je n’avais pas d’autres choix, je ne pouvais pas vivre sans visage»,avait expliqué Isabelle Dinoire qui, entre l’attaque de son chien et la greffe, ne sortait dans les couloirs de l’hôpital que la figure dissimulée derrière un masque. «La vue de mon visage m’est difficile, voire impossible» avait-elle confié.

En ce fameux dimanche 27 novembre, plusieurs dizaines de chirurgiens, infirmières et médecins prennent part au CHU d’Amiens, pendant plus de quinze heures, à cette opération qui fait désormais date dans l’histoire de la chirurgie réparatrice.

«Je revis dans le monde normal»

L’intervention est un véritable succès. Isabelle Dinoire parvient à nouveau à manger, boire, respirer par le nez et même… sourire.

Avec son nouveau visage, elle avait alors fait la Une de tous les médias et la communauté scientifique avait salué cette première médicale.

Devant la presse du monde entier, elle avait déclaré quelques jours après sa sortie du bloc opératoire : «Depuis le jour de l’opération, j’ai un visage comme tout le monde. Je peux ouvrir la bouche et manger. Je sens désormais mes lèvres, mon nez et ma bouche je revis dans le monde normal».

Dès lors, la jeune femme avait repris une vie quasi ordinaire malgré les contraintes liées à son suivi médical et à la prise de médicaments antirejets.

«Je peux ressortir, je peux aller au restaurant, chez le coiffeur, me balader avec ma famille, faire les courses», témoignait-elle.

Mais, par la suite, les lourds traitements antirejet qu’elle devait prendre à vie avaient favorisé la survenue de deux cancers. Et l’hiver dernier, elle avait subi un nouveau rejet du greffon et avait perdu une partie de l’usage de ses lèvres.

Très affaiblie tant physiquement que psychologiquement, elle sortait moins, «s’était coupée du monde», explique un médecin.

Le 22 avril elle s’est donc éteinte, loin des micros et des caméras.

Le CHU d’Amiens a confirmé hier son décès «des suites d’une longue maladie». En accord avec la volonté de ses proches, aucun avis de décès n’avait alors été publié dans la presse, pour préserver leur légitime intimité en ces moments douloureux», explique l’établissement

Depuis l’opération d’Isabelle Dinoire, près d’une trentaine d’adultes ont subi ce type d’intervention, dont un tiers en France. La quasi totalité a été couronnée de succès.

Une prouesse chirurgicale

S’il y avait bien eu en 1998, la première main greffée à Lyon par le Pr Dubernard, jamais un patient n’avait bénéficié d’une greffe de visage. Les chirurgiens préfèrent, eux, parler de «face», le terme visage étant trop connoté, trop affectif. L’exploit technique a été réalisé par les équipes du Pr Bernard Devauchelle, chef du service de chirurgie maxillo-faciale du CHU d’Amiens et du Pr Jean-Michel Dubernard, chef du service urologie et transplantations à l’hôpital Edouard Herriot de Lyon.

 

 

 

 

 

source: ladepeche.fr

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