En direct : le discours du roi Mohammed VI très attendu

Partager

Alors que le Maroc connaît depuis plusieurs semaines un mouvement de contestation mené par le collectif GenZ 212, le roi Mohammed VI doit s’adresser à la nation ce vendredi 10 octobre à 17 h 30, à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire. Ce discours, très attendu, pourrait marquer un tournant politique et social dans un pays traversé par un fort vent de mécontentement.

Une jeunesse en quête de réformes

Depuis la mi-septembre, des milliers de jeunes Marocains descendent régulièrement dans la rue pour exprimer leur frustration face à la situation du pays. À l’origine de cette mobilisation, le collectif GenZ 212, un mouvement spontané né sur les réseaux sociaux, rassemblant plus de 200 000 membres sur Discord. Ses revendications sont claires : une réforme en profondeur des systèmes de santé et d’éducation, ainsi qu’une meilleure justice sociale.

Jeudi 9 octobre, de nouveaux rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes du royaume.
« Nous attendons que le roi nous parle », ont confié plusieurs manifestants à l’AFP, espérant que le souverain réponde enfin à leurs attentes.

Le roi face à un pays à deux vitesses

Selon l’Agence de presse africaine, le discours de Mohammed VI devrait « fixer les priorités nationales pour les prochains mois ». Il pourrait également revenir sur un thème qu’il aborde souvent : celui d’un Maroc à deux vitesses, partagé entre une économie dynamique tirée par les grands projets et des régions laissées à l’écart du développement, où persistent de profondes inégalités sociales et territoriales.

Cette allocution est donc perçue comme un moment crucial, à un moment où la population réclame davantage d’équité et de cohésion nationale.

Une trêve en signe de respect

Le collectif GenZ 212 a toutefois annoncé la suspension de ses manifestations pour la journée de vendredi, « par respect pour le roi ».
Dans un communiqué cité par TelQuel, le mouvement explique que cette décision découle d’un « sens des responsabilités » et de son attachement aux « valeurs et institutions nationales ». Les organisateurs affirment privilégier le dialogue apaisé et constructif pour faire entendre leurs revendications.

Malgré cette trêve, les rassemblements quotidiens organisés dans plusieurs villes ont parfois dégénéré. Des affrontements ont opposé manifestants et forces de l’ordre, notamment près d’Agadir, où trois personnes ont perdu la vie la semaine dernière. Le gouvernement a reconnu avoir procédé à des dizaines d’arrestations.

Appel au dialogue

Face à la contestation, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a assuré que « le message est reçu » et que les autorités travaillent à identifier les manques et à mobiliser les ressources nécessaires. Il a également invité le collectif à désigner des représentants pour engager un dialogue officiel.

Le soutien d’intellectuels et d’artistes

Mercredi, une soixantaine de personnalités marocaines – journalistes, intellectuels et artistes – ont publié une lettre ouverte en soutien au mouvement. Parmi eux figurent les journalistes Ahmed Benchemsi, Yassin Akouh, Omar Radi, ainsi que les artistes Khtek (Houda Abouz) et Dizzy Dros (Omar Souhaili).

Dans ce texte relayé par Maghreb Online, ils exhortent le roi à engager « des réformes de fond » et à répondre à la souffrance sociale du peuple.
Les signataires appellent à une révision constitutionnelle, à la libération des prisonniers politiques et d’opinion, et à la priorisation de l’éducation, de la santé et de l’emploi plutôt que des investissements jugés « luxueux » comme la construction d’un grand stade en vue de la CAN 2025 et du Mondial 2030.

L’historien Maâti Monjib, également signataire, a mis en garde : « La situation est grave. Sans solution politique, la tension pourrait s’aggraver. »

Le point de départ : une tragédie à Agadir

Le mouvement GenZ 212 est né à la suite d’un drame survenu à l’hôpital d’Agadir, où huit femmes enceintes sont décédées après des césariennes. Cet événement a provoqué une onde de choc dans tout le pays et mis en lumière les carences du système de santé public.

Le collectif réclame un plan d’urgence national, comprenant :

  • le recrutement massif de médecins et de personnel soignant,
  • la rénovation des hôpitaux publics,
  • et l’augmentation du taux de remboursement de l’assurance-maladie, de 50 % à 75 %.

Le ministre de la Santé, Amine Tehraoui, a reconnu les difficultés du secteur, marqué par le manque d’équipements et la fuite du personnel médical vers le privé. Il a toutefois rappelé que le gouvernement a lancé depuis 2022 un programme de modernisation comprenant la construction ou la rénovation de 22 hôpitaux, la création de deux nouveaux CHU, et la réhabilitation de 1 400 établissements d’ici fin 2025.

(Visité 119 fois, 3 aujourd'hui)

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *