Dans l’attente que le Maroc décide de son sort, un Sri Lankais « vit » à l’aéroport de Casablanca depuis le 3 juillet dernier. Voici son histoire.
Selon l’agence de presse EFE, Thambiappa Ariyanayagam Siyanthan, âgé de 34 ans, a fui le Sri Lanka, après un conflit de près de 3 décennies, pour s’installer au Kenya. Pays qu’il a quitté après quatre ans, fatigué de payer des dessous-de-table pour maintenir ses papiers en règles.
Le Sri Lankais appartient à la minorité des Tamouls, dont est issue la guérilla des Tigres de libération de l’Îlam Tamoul (LTTE). Durant des décennies, le groupe rebelle a lutté pour la création d’un Etat tamoul indépendant, avant d’être écrasé en 2009 dans une offensive militaire qui a causé la mort de dizaines de milliers de civils.
Après la guerre, les ONG internationales ont dénoncé des arrestations arbitraires et des disparitions forcées au Sri Lanka. Dans son cas, Siyanthan a été emprisonné à trois reprises pour son affiliation présumée avec le LTTE. Lors de son dernier emprisonnement en 2010, qui a duré 17 jours, il a payé 4.800 euros et a été libéré à condition de quitter le pays.
L’homme, qui nie tout lien avec les Tigres Tamouls et assure qu’il gagnait sa vie comme conducteur de bus, a donc été obligé de quitter le pays et rejoindre le Kenya. Il est ensuite arrivé en Espagne, en passant par Dubaï et Casablanca. Cependant, les autorité espagnoles, l’accusant de détenir un faux passeport, lui ont refusé l’accès à leur territoire et l’ont renvoyé à Casablanca.
Au Maroc également, Siyanthan s’est vu refuser l’accès au territoire. Les autorités marocaines lui demandent de payer (de sa poche) son billet pour Colombo, la capitale sri lankaise. Il est donc bloqué à l’aéroport Mohammed V depuis le 3 juillet. « L’homme n’a pas pris de douche depuis un mois et n’a plus d’argent », affirme EFE qui précise également que « la police lui a offert un café » ce mercredi!
Par ailleurs, le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défenses des étrangers et migrants (GADEM) a indiqué que les autorités ont excédé les 20 jours maximum prévus pour garder un étranger demandeur d’asile en zone d’attente pendant le traitement de sa demande. « Aucune procédure légale n’a été respectée concernant l’entrée sur le territoire, l’asile ou le maintien en zone d’attente », a déclaré dans un communiqué l’ONG, qui dénonce également que Siyanthan est ainsi « victime d’une privation arbitraire de sa liberté ».
De son côté, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), qui suit l’affaire avec le Conseil national des droits de l’homme, a mis à disposition du Sri Lankais un avocat, qui travaille à légaliser sa situation.
La première audience devant le tribunal administratif de Casablanca devait avoir lieu lundi dernier mais a été reporté à jeudi. Entre-temps, Siyanthan, souhaite seulement ne pas être rapatrié au Sri Lanka. « Ma vie s’arrête si j’y retourne », craint-il.
Au moment où nous écrivons ces lignes, nous n’avons toujours aucune information officielle concernant l’issue de l’audience de jeudi dernier.
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